
Science de l'Esprit
en Ayurvéda
ce qu'il faut savoir
L'Ayurveda explore les liens subtils entre le mental (manas), les émotions et la conscience, dans leur relation avec le corps et l’énergie vitale (prāṇa).
Elle repose sur la vision selon laquelle l’esprit n’est pas séparé du corps, mais en interdépendance constante avec les doṣas (Vāta, Pitta, Kapha), la mémoire, l’alimentation, les rythmes de vie et l’environnement.
Selon le Charaka Saṃhitā, la santé naît de l’équilibre harmonieux entre ces éléments, lorsque la conscience circule librement et que le mental retrouve sa clarté naturelle (sattva).
Les facultés du mental
L’Ayurveda distingue 5 fonctions principales de l’esprit :
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Manas (le mental réceptif et émotionnel) मनस् : faculté de perception et de coordination des sens et des impressions. Il est réactif, perçoit par exemple une image ou un son, traite les données avec son catalogue interne, et déclenche une réaction émotionnelle ou une pensée. Bien connecté, il génère clarté, constance, concentration. En déséquilibre, il génère des sentiments négatifs comme l'agitation, la confusion, la colère. Il est un de 11 sens de l'humain, et tient sa place particulière de pont entre l'âme et les 10 autres sens (qui sont la vue, l'ouïe, le toucher, le gout, l'odorat et les sens de d'action - la préhension, la locomotion, la parole, l'élimination et la reproduction).
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Dhi (perception intuitive) धि : capacité à recevoir des idées ou des inspirations. C’est la faculté de perception intérieure profonde, liée à la vision juste, et à la sagesse intuitive. D'aspect réceptif et créatif, c’est comme la lumière qui éclaire l’esprit et permet de comprendre ce qui est approprié.
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Buddhi (l’intellect, le discernement) बुद्धि : l’intellect rationnel, la capacité à analyser, discriminer et prendre des décisions logiques. Sa fonction est de choisir entre le bien et le mal, le juste et l’injuste, c’est la faculté qui distingue ce qui soutient la vie de ce qui la perturbe. plus actif et structuré, Buddhi transforme la perception (Dhi) en action concrète et décision
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Ahaṃkāra (le “je”, l’ego) अहंकार : principe d’individualisation, nécessaire à la construction de l’identité. Il donne le sens de propriété et d'individualité. Lorsqu’il est déséquilibré, il entraîne attachement, peur, distorsion de la perception de soi.
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Chitta (la mémoire, l’inconscient) चित्त : réservoir des empreintes mentales (saṃskāras) qui façonnent nos comportements et réactions. C'est notre catalogue interne subconscient dans lequel manas et Buddhi vont piocher pour prendre leurs décisions. Une peur ancienne ou une habitude persistante vient de Chitta.
À ceux-ci rajoutons une fonction essentielle : Dhairya - धैर्य - la force intérieure qui permet de rester stable face aux difficultés. Ce mot se traduit à la fois par courage et patience. C'est la capacité à agir avec justesse malgré la peur ou l’adversité, internet ou externe. Il permet de prendre des décisions justes même sous pression, à maintenir la discipline, la méditation et l’observation de soi, et rester centré face aux émotions et aux désirs perturbateurs.
Les 11 sens : les Indriyas :
L'ayurveda attribue 11 facultés sensorielles et moteurs à l'être humain. Parmi eux nous retrouvons :
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les Jñānendriyas - 5 sens de perception : vue, l'ouïe, l'odorat, le toucher, le goût.
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les Karmendriyas - 5 sens d'action (issus du mot "Karma - action") : la préhension, la locomotion, la parole, l'élimination et la reproduction.
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et Manas - le récepteur connecteur.
Les trois fondations du mental
L’état du mental dépend de la qualité dominante des trois guṇas :
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Sattva सत्त्व - clarté, pureté, connaissance, harmonie. C'est toutes les qualités belles et subtiles de l'être humain : le discernement, la compassion juste, la bienveillance inconditionnelle, la patience, la persévérance, l'intuition, la connaissance, la joie, la curiosité pour le vivant, le désir de s'élever et de voir les autres heureux. Sattva est la qualité primordiale du mental, qui se concrétise en actions et matière selon les deux autres qualités :
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Rajas रजस् - énergie dynamique, c'est le mouvement, la mise en action, le désir, l'ambition, l'agitation, la dispersion. Elle se manifeste sous forme de désirs et attachement, de compétitivité, d'impatience. Elle permet l'action et la transformation, mais peut engendrer insatisfaction, frustration, agitation si elle est mal encadrée.
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Tamas तमस् - l'énergie statique, l'inertie, la cessation du mouvement, l'obscurité, la lourdeur. C'est elle qui permet le repos et la conservation, l'endurance, la cohérence, mais en excès elle peut entraîner la cristallisation d'habitudes destructrices. Elle peut ainsi se manifester sous forme de stagnation, de confusion, de flou, de paresse, de désir d'ignorance, de peur, d'indécision. C'est elle qui engendre la procrastination.
Un mental dominé par sattva est paisible et lucide ; dominé par rajas, il devient agité et dispersé ; dominé par tamas, il tend vers la torpeur et la confusion. L’Ayurveda vise à cultiver sattva, la clarté du cœur et la lumière de la conscience, et mettre à son service les énergies d'action (rajas) et de cohésion (tamas) en équilibre.
L’objectif de la psychologie Ayurvédique
Son but est de trouver l'équilibre dynamique qui permette de maintenir un esprit clair, stable et harmonieux, en alignement avec la nature profonde (prakṛti) de chacun.
En cherchant à réduire les perturbations émotionnelles et les tendances aux déséquilibres générées par les doshas (énergies du corps) et par les fluctuations du mental (à travers rajas et tamas), elle vise à comprendre, harmoniser et guider les désirs et aspirations de chacun de manière constructive.
L'ayurveda part du principe qu'en équilibrant ses facultés innées, l’individu développe une cohérence intérieure et une stabilité émotionnelle qui lui permettent de faire face aux défis de la vie avec discernement, patience et courage, en restant fidèle à sa nature profonde et à ses valeurs. La culture de son énergie sattvique ouvre la voie à une liberté intérieure, à une émotion juste et à une conscience élargie, qui sont des conditions essentielles à la santé globale et à l’épanouissement.
Les déséquilibres mentaux et leur rééquilibrage
Chaque doṣa (énergies du corps) influence la sphère psychique :
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Vāta : enthousiasme, mouvement, spontanéité, légèreté, énergie - mais en excès : agitation, anxiété, épuisement, instabilité.
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Pitta : ambition, vision, détermination, action, transformation - mais en excès : besoin de contrôle, colère, irritabilité, frustration.
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Kapha : stabilité, endurance, calme, concrétisation, structure - mais en excès : apathie, lenteur, confusion, attachement excessif.
Identifier ces tendances permet d’en comprendre les causes, d’observer leurs manifestations dans le mental et les émotions, puis d’appliquer des mesures adaptées : pensées, alimentation, mode de vie, respiration, méditation, régulation sensorielle (indriya saṃyama).
Ainsi, l’équilibre s’installe peu à peu par des gestes simples, repérable, réguliers et conscients.
Les outils de réharmonisation
Les moyens utilisés pour soutenir l’équilibre du mental sont variés. Il incluent entre autre :
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l'observation de soi,
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une hygiène de vie ajustée à sa constitution individuelle,
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une alimentation favorisant la clarté et la stabilité, prescrite selon sa constitution d'origine (pkrakrti) et ses déséquilibre (vikrti),
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des pratiques de respiration (prāṇāyāma) et de méditation,
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la régulation des sens (indriya saṃyama),
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des routines quotidiennes favorisant la paix intérieure : régularité des rythmes, sommeil réparateur, relations équilibrées, qualité des temps de solitude et de silence...
Pour approfondir encore, plongeons dans une des nombreuses listes de l'Ayurveda :
Les 20 attributs fondamentaux : Gurvādī Guṇas
Toute chose, matérielle ou mentale, possède des qualités polaires (opposées) appelés guṇas : léger / lourd, chaud / froid, sec / onctueux, subtil / grossier, etc.
Ces paires d’opposés sont utilisées pour caractériser les aliments, les herbes et les médicaments ; pour comprendre la réaction du corps et du mental face à un élément ; pour ajuster l’alimentation, les soins, les pratiques équilibrants les doshas et les gunas mentaux. Le principe de rééquilibrage repose sur la loi universelle de samānya-viśeṣa-siddhānta :
“Le semblable augmente, l’opposé équilibre.”
Ainsi, on apaise la chaleur de Pitta par le frais et le doux, on allège la lourdeur de Kapha par le mouvement, on stabilise la légèreté de Vāta par l’ancrage et la chaleur.
Cette compréhension subtile des qualités est au cœur de la pratique ayurvédique : elle enseigne comment sentir la nature des choses pour les utiliser en conscience, dans le sens de la vie.
les Gurvadis Gunas sont :
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Léger (Laghu) : subtil, fluide, facile à digérer. Il apporte vivacité, clarté et agilité.
→ Stimule et allège, mais peut rendre instable ou dispersé. -
Lourd (Guru) : dense, nourrissant, stabilisant. Il favorise la lenteur, le soutient, la profondeur, l’ancrage.
→ Apaise et soutient, mais peut alourdir ou engourdir.
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Froid (Śīta) : rafraîchissant et calmant. Il apaise l’inflammation et les excès de feu.
→ Adoucit et pacifie, mais peut ralentir ou refroidir. -
Chaud (Uṣṇa) : réchauffant et stimulant. Il favorise la vitalité, la digestion et la passion.
→ Réchauffe et dynamise, mais peut irriter ou assécher.
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Onctueux (Snigdha) : huileux, tendre et nourrissant. Il favorise la douceur, à la fluidité, le lien.
→ Apaise et lubrifie, mais peut engendrer dépendance ou lourdeur. -
Rugueux (Rūkṣa) : sec, aéré, détaché, froid. Il favorise la clarté et la légèreté.
→ Épure et allège, mais peut isoler ou épuiser.
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Grossier (Sthūla) : dense, concret, massif. Il renforce la matérialité, la patience et la stabilité.
→ Donne forme et ancrage, patience, stabilité, mais peut figer la pensée ou accroître l’attachement. -
Subtil (Sūkṣma) : fin, pénétrant, léger. Il nourrit l’intuition et la perception subtile.
→ Éveille la sensibilité, mais en excès rend nerveux ou hyperréactif.
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Mou (Mṛdu) : souple, réceptif, adoucissant. Il favorise la compassion et la tolérance.
→ Inspire douceur et flexibilité, mais peut manquer de fermeté. -
Dur (Kathina) : ferme, structurant, solide. Il apporte discipline et persévérance.
→ Donne structure et force, mais peut raidir ou bloquer.
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Visqueux (Picchila) : collant, nourrissant, cohésif. Il soutient l’attachement et la continuité.
→ Favorise la cohésion, mais peut engendrer confusion ou attachement excessif. -
Clair (Viśada) : limpide, transparent, sans impureté. Il éclaire le discernement et la lucidité.
→ Apporte légèreté et clarté, mais en excès peut ôter l’ancrage.
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Mobile (Chala) : changeant, stimulant, dynamique, spontané. Il favorise la créativité et l’adaptabilité.
→ Met en mouvement, mais peut provoquer agitation. -
Fixe (Sthira) : immobile, enraciné, stabilisant. Il apporte calme et constance.
→ Offre sécurité et endurance, mais peut tendre vers l’immobilisme.
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Lisse (Ślakṣṇa) : poli, doux, harmonieux, soyeux. Il favorise la souplesse et la réconciliation.
→ Apaise les tensions et adoucit les relations, mais peut générer un manque d'affirmation. -
Âpre (Khara) : abrasif, ferme, épurant. Il clarifie et stimule le discernement.
→ Donne de la franchise et de la vigueur, mais peut durcir.
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Doux (Manda) : lent, modéré, paisible. Il invite à la modération et à l’intégration.
→ Calme et pacifie, mais peut freiner ou endormir. -
Tranchant (Tīkṣṇa) : aigu, pénétrant, incisif. Il favorise la clarté, la transformation et la lucidité.
→ Clarifie et dynamise, mais peut brûler ou blesser.
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Fluide (Drava) : mouvant, adaptable, nourrissant. Il soutient la circulation et la souplesse intérieure.
→ Favorise la flexibilité émotionnelle, mais peut dissoudre ou confondre. -
Dense (Sandra) : compact, solide, cohésif. Il confère structure, continuité et ancrage.
→ Donne stabilité et consistance, mais peut figer ou bloquer.
Les gunas décrivent les qualités dynamiques présentes dans toute chose : le mental, le corps, la nature. On les retrouve sous leur forme manifestée dans les aliments, les pensées, les activités, les mémoires, les relations etc. Ainsi chaque pensée, émotion ou réaction mentale porte une certaine texture physique mais aussi énergétique.
Les gunas influencent la clarté du mental. Une fois les qualités dominantes identifiées, on cherche à ramener l’équilibre par les qualités opposées , selon le fameux principe de samānya viśeṣa siddhānta — “le semblable augmente, l’opposé équilibre”.
les Gunas spirituels, Adhyatmika Guṇa
Ce sont les qualités de l’être qui relèvent du soi intérieur : l’intellect (Buddhi), le désir (Icchā), l’aversion (Dveṣa), la joie ou bien-être (Sukha), la souffrance ou douleur (Dukha), l’effort intentionnel (Prayathna).
Ces guṇa façonnent notre monde mental : notre capacité à discerner, à vouloir, à réagir, à souffrir ou à vivre dans la joie. Lorsqu’ils sont en déséquilibre, ils peuvent déclencher des tensions, des émotions intenses, parfois des manifestations physiques associées. Travailler à les équilibrer est essentiel à une santé holistique. Nous retrouvons ainsi :
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Buddhi (Intellect / Discernement) : Faculté du discernement, de la prise de décision juste, de compréhension. Permet de distinguer ce qui favorise ou nuit à l’équilibre.
→ Lorsque Buddhi est affaibli, confusion, mauvaise prise de décision, perte de direction, anxiété liée au doute, maladie psychosomatique possible.
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Sukha (Joie, bien-être, confort) : État de contentement, de confort, de paix intérieure. Favorise la santé mentale et physique par une diminution du stress.
→ En défaut : tristesse, insatisfaction, frustration, peut conduire à des désordres émotionnels. Trop de recherche de plaisir superficiel peut aussi détourner de ce qui est sain.
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Dukha (Souffrance, trouble) : Opposition de Sukha. Permet de reconnaître ce qui nuit, ce qui doit être corrigé. Un élément nécessaire dans l’expérience humaine, mais à réguler.
→ Si Dukha domine : dépression, anxiété, tensions chroniques, affaiblissement du système immunitaire.
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Icchā (Désir / Volonté) : Le désir / la volonté de s’orienter vers quelque chose : cela peut être une motivation positive
→ Le désir incontrôlé mène à l'attachement, frustration si non satisfait. Peut déséquilibrer les doshas s’il est excessif ou mal dirigé.
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Dveṣa (Aversion / Répulsion / Haine) : La réaction négative, la répulsion. Sert de signal aussi : ce à quoi nous sommes opposés indique quelque chose à observer.
→ Si Dveṣa est fort ou chronique : colère, rancune, stress, effets néfastes sur la santé physique comme l'augmentation de l'inflammation.
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Prayathna (Effort / Tâche) : L’effort, l’action intentionnelle. Permet de transformer ce qui doit l’être, de répondre de façon proactive aux déséquilibres.
→ Un faible effort engendre stagnation, passivité. Un effort excessif sans repos ou discernement engendre épuisement, déséquilibre corporel ou mental.
Revenons rapidement sur le plus important de tous puisqu'il en est l'articulation principale : Buddhi.
Selon le Samkhya Darshana, Buddhi est considéré comme Adhyavasaya, c’est-à-dire l’ensemble des activités de l’intellect inanimé (Achetana) activé par le Soi animé (Sachetana Atma). Buddhi est également décrit comme la cause de tous les comportements (Vyavhara), qui sont générés lorsque le Soi interagit avec les objets des sens (Indriyartha).
En Ayurveda, Buddhi joue un rôle central dans la santé mentale et le bien-être global. Il se forme à partir des informations sensorielles reçues par les organes sensoriels (Indriyas) et traitées par l’esprit (Manas), ce qui permet l’émergence des fonctions intellectuelles supérieures.
- Sous-types de Buddhi :
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Smriti (mémoire) : résultant de la conjonction spécifique entre le Soi, l’esprit et les impressions mentales (Sanskara).
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Anubhava (expérience) : connaissance acquise par l’interaction des sens et du Soi.
- Utilité clinique :
Les fonctions clés de l’intellect en Ayurveda sont l'intelligence / raisonnement (Dhi), la maîtrise de soi / patience (Dhriti), la mémoire (Smriti). Ces facultés travaillent ensemble pour maintenir la stabilité mentale et la clarté. Leur déséquilibre peut entraîner des troubles psychiatriques. Le concept de Prajñāparādha
(erreur de l’intellect) est considéré comme la cause fondamentale de troubles mentaux tels que colère, passion, peur, confusion et chagrin. Un intellect équilibré est donc essentiel, non seulement pour la santé physique, mais aussi pour l’harmonie mentale, le bien-être émotionnel et la stabilité spirituelle.
Dans cet article de 2025, issu du "Journal of Ayurveda and Integrated Medical Sciences", sont décrits les relations causales entre l'état de santé et de maladie et les gunas spirituels. Il traite de la place du bien-être global mais aussi de l'immunité, de la capacité régénérative, du lien social, de l'efficacité professionnelle, de la cohésion familiale.
Les Puruṣārthas - Les 4 objectifs de la Vie humaine
Dans la philosophie indienne, la vie humaine est guidée par quatre objectifs fondamentaux. Ce sont des principes qui orientent l’existence vers un l'équilibre et l'harmonie en toute chose. Ils sont tous complémentaires et visent - ou non selon les différentes lectures - à la libération totale de l'être.
Ils sont :
Artha : la prospérité et stabilité matérielle.
Artha représente tout ce qui assure notre sécurité, notre confort et notre prospérité. Cela inclut les ressources matérielles, les moyens de subsistance, la réussite professionnelle, la stabilité familiale. Elle doit être recherchée de manière éthique et responsable afin de nourrir sa vie et celle des autres sans déséquilibre ni exploitation.
Artha est essentiel car il pour créer une base solide à partir de laquelle on peut développer les autres aspects de notre vie. Sans sécurité matérielle, il devient difficile de cultiver l’éthique, le plaisir ou la spiritualité !
Dharma : la voie, l’éthique, le devoir et l'action juste.
Dharma est le principe de droiture et d’harmonie dans l’action. Il guide nos choix, nos comportements et nos relations en nous invitant à agir avec conscience, honnêteté et compassion. Vivre selon son Dharma, c’est respecter sa propre nature, ses responsabilités et les lois naturelles et sociales, en alignant ses actions sur ses véritables valeurs profondes.
Le respect du Dharma permet de comprendre la relation et la cohésion entre soi et le monde, d’éviter la souffrance inutile, de créer des relations saines et de vivre une cohérence entre nos intentions et nos actes. C’est une boussole intérieure subtile à maintenir active, qui aide à naviguer les défis de la vie avec justesse.
Sukha (ou Kāma) : le plaisir, la joie, l’épanouissement.
Sukha, parfois appelé Kāma (comme dans le Kamasutra dont on connaît souvent les chapitres sur la sexualité), désigne le plaisir et les désirs légitimes qui apportent joie et satisfaction dans la vie. Cela englobe les plaisirs des sens, la créativité, les relations harmonieuses, l’art, la nature et la sexualité.
Dans la perspective ayurvédique et philosophique, les plaisirs ne sont pas à rejeter mais à vivre avec discernement et modération. Lorsqu’ils sont alignés avec le Dharma, ils deviennent une source d’épanouissement et de vitalité, plutôt qu’une source de dépendance ou de déséquilibre. Sukha nous rappelle que la vie est faite pour être goûtée et appréciée, et que le bonheur fait partie intégrante, voire est la boussole sensible d’une existence équilibrée.
Mokṣa : la libération et la réalisation de soi.
Mokṣa représente l’ultime objectif de la vie : la libération intérieure et la sagesse ultime. Elle consiste à se détacher des cycles de souffrance, des attachements excessifs et des désirs incontrôlés pour atteindre un état de paix profonde et de liberté intérieure. Selon les différentes interprétations des textes, elle peut se distinguer comme la finalité des trois autres objectifs qui, une fois épuisés, se fondent en une libération profonde et immuable. D'autres interprétations invitent à la vision selon laquelle moksha fait partie intégrante des 4 buts de la vie et danse constamment avec les 3 autres.
La quête de Mokṣa invite à l'ouverture spirituelle, à la connaissance de soi et de l'univers, et à l’alignement avec l’essence universelle. Elle transcende les plaisirs matériels et les obligations sociales, offrant un équilibre durable et une harmonie intérieure qui n’est pas dépendante des circonstances extérieures.
En intégrant ces quatre axes, nous apprenons à vivre de manière consciente et harmonieuse, équilibrés dans nos besoins matériels, nos valeurs, nos désirs et notre quête spirituelle. Cette approche nous aide à aligner nos pensées, nos actions et notre volonté avec notre nature profonde et à créer une vie à la fois riche et nourrissante, physiquement et spirituellement. C'est le chemin de l'épanouissement.

Bien que l'ayurveda soit une médecine reconnue par l'OMS, ces soins ne se substituent en aucun cas à un traitement médical prescrit.

